Lettres à Jean Paulhan, 1925-1961

Fiche technique

Format : Broché sous jaquette
Nb de pages : 253 pages
Poids : 357 g
Dimensions : 14cm X 22cm
Date de parution :
EAN : 9782912222268

Lettres à Jean Paulhan, 1925-1961

de

chez C. Paulhan

Collection(s) : Correspondances de Jean Paulhan

Paru le | Broché sous jaquette 253 pages

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édition établie, préf. et annot. Muriel Pic


Quatrième de couverture

Pierre Jean Jouve écrivit dans son «Journal sans date», En Miroir (Mercure de France, 1954) : «Un plus mauvais jour fut celui où je rencontrai Jean Paulhan, car on sait le dommage qui s'ensuivit pour toute une partie de mon oeuvre.»

Si la vie éditoriale du poète, entre 1925 et 1961, a été partiellement entre les mains du directeur de La NRF, Jean Paulhan a peut-être été, parmi ses correspondants, le plus à même de comprendre le secret de son oeuvre : en témoignent ces 149 lettres d'un Jouve ombrageux et angoissé par l'édition de ses textes, ainsi que les 19 lettres retrouvées de Paulhan (les autres ont été détruites par Jouve) et un livre dédié à Paulhan, mais publié chez Grasset, Le Paradis perdu (1929).

Accordant d'abord sa pleine confiance à celui qu'il nomme son ami, puis devenant terriblement sensible à toute critique - seuls Bernard Groethuysen, Gabriel Bounoure et Jean Wahl lui donnèrent quelque satisfaction à La NRF -, Jouve s'évertua à ne pas abandonner sa «continuelle position de défense». Hormis pendant le temps de la guerre, où il entama avec son interlocuteur un dialogue d'une nouvelle force, aimantée par la «cause sacrée» de la Résistance...

«Soumis à la torture du silence» fait autour de ses écrits, Pierre Jean Jouve manifeste dans ces missives l'intransigeante cohérence de sa démarche intellectuelle qui mêla spiritualité et psychanalyse : sa reconnaissance de l'«essence chrétienne» en 1924, le reniement de son oeuvre antérieure à 1925, son renoncement au genre romanesque, firent de lui un écrivain sans compromissions, solitaire et unique dans «notre triste milieu» des Lettres de l'entre-deux-guerres, celui où Paul Valéry est «un cadavre» et Jean Cocteau «un poète en fil-de-fer» : «J'ai souvent le sentiment, confie Jouve au début de l'Occupation, que l'événement fatal en couronne, pour moi, un second plus intime : l'échec de mon acte poétique dans la société où j'ai vécu.»

Rythmé par plusieurs crises, ruptures et réconciliations dont le mouvement se clôt abruptement en 1961, ce corpus de lettres ajoute peut-être du secret au secret de Pierre Jean Jouve, ne serait-ce qu'en raison de l'absence presque totale de la voix de Jean Paulhan. Cependant, rompre n'est pas haïr, c'est souffrir, affirme Jouve dans En Miroir : «Mais qui donc est responsable ? Est-ce la tendance de rupture intervenant sans finesse, sans ruse, sans diplomatie - ou sont-ce les animosités exceptionnelles qui, dans la société parisienne surtout, ont répondu à mon travail et à mon existence ? Je mourrai sans doute n'ayant pas trouvé de réponse.» C'est l'une des questions que Jouve semble avoir posée à Paulhan.

Du même auteur : Pierre Jean Jouve