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Paru le 03/04/2014 | Broché 187 pages
Tout public
préface de Wladimir Glasman | traduit de l'arabe par Nathalie Bontemps
« Aujourd'hui, pendant que le président prononçait son interminable discours au Parlement devant une clique de pantins, les manifestants de mon quartier enterraient un jeune homme tué à Alep. Il avait rejoint l'armée libre. Les avions ont bombardé le camp où il se trouvait. On n'a pas retrouvé son cadavre. C'est un enterrement symbolique qu'on lui a organisé ce matin.
Là où j'habite, et tandis que le président n'en finissait pas de disserter, beaucoup de gens se tenaient sur leur balcon ou sur les trottoirs, le regard fixé sur le cercueil de bois.
Il était là-bas, à parler tout seul, et nous étions ici, devant le cercueil vide de ce garçon qui a disparu physiquement, et dont l'esprit est resté parmi nous et survole tout le quartier. Qui s'intéresse à ce que raconte cet individu saugrenu, qui prétend que nos enfants sont des terroristes, des chômeurs qui vont manifester pour 200 livres syriennes ?
Sérieusement. Qui lui prête attention ? »
Joumana Maarouf, institutrice à Damas, a commencé à écrire en mars 2012, au moment où la révolution syrienne a changé de nature et pris une tournure sanglante. Ses lettres, qui font l'objet de ce livre, témoignent du quotidien d'un pays en guerre et des répercussions sur l'état d'esprit de sa population.