Serie : Libertinage et philosophie au XVIIe siècle. Vol 12
Collection(s) : Renaissance et âge classique
Paru le 17/05/2010 | Broché 234 pages
Public motivé
édition Institut Claude Longeon, Renaissance âge classique
«Libertin» est d'abord une injure - pire : un chef d'accusation. Mais l'histoire des idées nous a enseigné que souvent les noms des mouvements, comme ceux des partis en politique, naissent à l'occasion des polémiques, et que ce sont parfois les adversaires qui aperçoivent le mieux l'unité de ceux qu'ils dénoncent. En somme, la haine est parfois bonne conseillère : elle fait apercevoir l'unité d'un programme, ses alliances et ses enjeux. Elle le fait à travers une certaine déformation, qui a l'avantage de grossir les traits, mais l'inconvénient de saisir parfois plus les conséquences, ou les effets d'actualité, que les matériaux fondamentaux. La question qui se pose ensuite à l'historien est donc la suivante : l'injure initiale peut-elle se transformer en instrument d'analyse, et à quel prix ? La question n'est pas négligeable car l'histoire intellectuelle européenne ne s'est pas constituée de façon continue et homogène ; ce sont souvent des courants minoritaires (hétérodoxes religieux ; libertins et clandestins ; utopistes) qui ont forgé les thèmes destinés à acquérir une force d'évidence. Ce qu'on a appelé, dans des débats récents, le problème des «racines de l'Europe» gagne sans doute à être aussi posé en ces termes : l'héritage le plus important n'est pas nécessairement l'héritage d'idées qui furent en leur temps majoritaires.