Collection(s) : L'orée des mots
Paru le 01/06/2003 | Broché 272 pages
André Obey
«La Loire pour moi, c'est comme la musique de Debussy, je l'attendais sans le savoir, mais dès que je l'ai vue j'ai su que c'était elle je l'ai reconnue. C'est en 1921, par un été torride, qu'ayant monté un petit chemin terrifiant, j'ai découvert soudain, avec un coup au coeur et ce creux profond qui ressemble à la panique cette présence féminine intense et bleue qui se nomme Loire.
Bien des gens s'imaginent - et me l'ont dit - que ce coup de foudre a été en quelque sorte fabriqué, qu'il est littéraire, insincère, mensonger. C'est faux.
Pour la Loire aussi, et devant elle, j'ai vieilli depuis 1921, mais, chaque fois que je la retrouve, et c'est souvent, quelque chose se produit d'elle à moi, je ne sais quelle connivence et qui va jusqu'à l'amitié. On m'a dit, encore, n'importe quel fleuve aurait fait l'affaire, la Seine, le Rhône ou la Garonne, et pourquoi pas le Rhin? Mais là encore c'est une erreur. Il n'y a pas que l'eau du fleuve, il y a le fleuve lui-même, ses arbres, ses bancs de sable, ses toits d'ardoise, son ciel, son climat, la sonorité de son air, et bien d'autres choses encore.»
André Obey
Émission radiophonique «Entre Cour et Jardin» (1965)
André Obey est né le 8 mai 1892 à Douai, pays des grands vents d'ouest et des carillons flamands. Il est mort le 11 avril 1975 à Montsoreau, au pays de Loire, après avoir écrit les dernières répliques de «Trois soldats morts», son dernier message dramatique. Il laissait une oeuvre considérable pour un auteur accoutumé à remettre cent fois sur le métier son ouvrage. Pour ne parler que du théâtre, 22 pièces originales, 12 adaptations de chefs-d'oeuvre classiques ou d'oeuvres importantes contemporaines, plusieurs «dramatiques» pour la radio témoignent de l'effort de toute une vie pour retrouver et s'approprier les secrets perdus du théâtre.
