Collection(s) : 200.000 signes
Paru le 30/03/2017 | Broché 134 pages
Mindel'Saudade
Je roule sous la lune sur les pavés asymétriques. Les arbres rassis qui bordent la route ont pour seule végétation des sacs en plastique prisonniers dans leurs branches. Ils ondulent dans la brise comme de petits fantômes qui iraient danser au bal du samedi soir.
Autour d'Isolino, 33 ans, un pauvre croquemort de l'île de Sao Vicente, il y a le père Manuel, prêtre pervers, qui, bien que mort, ne peut se taire. Il y a aussi un drôle d'oiseau, un exilé, mi aristo mi clodo, qui lui offrira ce dont il n'osait rêver. Et enfin Lila, qu'il a connue à l'orphelinat, aujourd'hui devenue une prostituée qui s'assume : « Bon... écoute Isolino, si tu veux être riche, suffit qu'on s'associe tous les deux, je parle pas de copuler et de faire une ribambelle de gniards. Non, mais peins ton corbillard en rose, gare-le avec moi dedans à côté du cercle nautique, et tu verras qu'en une nuit, je me ferai ce que tu te fais en un mois. Toi, t'auras qu'à t'occuper de la communication de l'aéroport aux hôtels et on partagera fifty-fifty ! »
Baigné par de singulières télé-novélas, Mindel'Saudade parle du Cap-Vert, de ses mornas, de son ancienne ville coloniale et surtout, des capverdiens, peuple fier d'une timidité insulaire pleine de malice.
Geoffroy Larcher est un décorateur de films qui écrit aussi des scénarios et récemment dans la revue Schnock. Son précédent roman, Le Roi-Carotte, a été plusieurs fois réédité et raconte une arrière-saison de « pieds nickelés » sur le littoral atlantique déserté après les vacances.
Ici, au Cap-Vert, l'auteur - comme si cette histoire lui avait été dictée par les décors -, montre comment les morts sont parfois plus vivants que les vivants eux-mêmes, comment des télé-novelas imposent leurs comportements aux femmes qui les suivent avec fanatisme et comment l'impensable peut arriver.
Mindel'Saudade est un conte aux influences latino-africaines vu par un auteur qui, d'année en année, a tissé de véritables liens sur cet archipel, le sillonnant comme une seconde patrie.
