Collection(s) : Cadre vert
Paru le 28/02/2008 | Broché 510 pages
traduit de l'espagnol par (Paraguay) Antoine Berman
Roman
Moi, le Suprême évoque la figure historique de José Gaspar de Francia, dictateur du Paraguay de 1814 à 1840. Tyran pour les uns, père de la patrie pour les autres, ce despote éclairé influencé par les philosophes français dota son pays d'une agriculture, d'une industrie, d'une législation et d'une armée modernes. Il fut l'artisan de l'émancipation paraguayenne. Mais que le lecteur ne s'attende pas à trouver ici une biographie romancée ou un roman historique. Ce monument littéraire est un livre polyphonique, où le monologue du Suprême se ramifie, telle une constellation chorale, en de multiples voix : celle du tyran seul avec lui-même ou dictant ses écrits et ses délires mortels à son secrétaire Patiño ; celle de ses opposants anonymes ou fantomatiques ; celle des mythes paraguayens enfouis mais vivants dans l'inconscient collectif.
En même temps qu'il restitue la geste libératrice latino-américaine et dénonce la trahison dictatoriale du pouvoir révolutionnaire, ce somptueux roman est une réflexion rarement égalée sur le langage littéraire. Parce qu'il bouleverse les règles du roman et de l'écriture, Moi, le Suprême demeure, parmi ce que l'on a appelé «les romans de la dictature», un chef-d'oeuvre absolu.
Augusto Roa Bastos est né à Asunción, Paraguay, en 1917. Il publie Moi, le Suprême en 1974. En 1976, à la suite du coup d'État militaire en Argentine, il s'exile en France, et enseigne pendant plusieurs années à l'université de Toulouse-Le Mirail. En 1989, il reçoit le prix Cervantes, la plus haute distinction des lettres hispano-américaines. Auteur majeur du XXe siècle, Augusto Roa Bastos meurt à Asunción en 2005.