Paru le 02/12/2022 | Broché 79 pages
Tout public
préface Gabriel Doublet
Mylène Besson, en complicités
Quand je pense aux livres d'artistes, je pense à l'espace, à l'espace partagé du livre, au chemin d'amitié, de complicité qui se tisse avec les écrivains, les éditeurs. Désirs, questionnements, rêves, nous nous offrons mutuellement nos « mondes en construction », nous jouons. Le travail de peintre ou d'écrivain est très solitaire. Le livre d'artiste est un entre-deux solitudes... très intime, car il faut se jeter à l'eau de l'autre.
Mylène Besson, Cheminement, 2022
Le livre partagé désigne un livre dessiné ou peint par Mylène Besson adressé à un poète qui écrit dans les blancs qu'elle laisse ou ailleurs. Le livre à quatre mains n'est donc pas un livre illustré, mais un ensemble iconographique dont le poète délivre un sens. Mylène Besson place ainsi le livre comme un dispositif, une contrainte, une direction dont le sens n'est pas déterminé. Le mot n'y est pas premier. La conversation commence sans mots, naît de la matière du livre que le poète reçoit. Du moins pour la première collaboration, ensuite une complicité peut prendre le pas, ce qui fait qu'elle envoie en fidélité autant qu'en connaissance de cause tel dessin plutôt qu'un autre. Le geste est plus adressé qu'une bouteille en mer ! Quand le livre revient, habité des mots du poète, elle découvre son propre travail, par réfraction, projection, écho. Un retour de lumière et de son. Le poète charge le dessin d'un sens qu'il ignorait et ne peut plus démentir : « Mes phrases sur vos dessins ne seront jamais des reliques, mais des dépôts, des décharges, des cendres » (J.-P. Gavard-Perret, Chutes).
Isabelle Roussel-Gillet