Collection(s) : Mythographies et sociétés
Paru le 26/09/2013 | Broché 339 pages
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Dès l'Antiquité, par le biais de figures de révoltés acquérant une stature hors norme, scandaleuse, nombre de mythes mettent en scène la volonté de la progéniture de se soulever contre la domination des pères considérée comme oppressante et manifestée par une dévoration réelle ou symbolique.
Dans les versions les plus anciennes des mythes de succession (Zeus face à Cronos) comme dans le mythe freudien du Meurtre du Père, les changements structurels découlent de la volonté filiale de mettre fin à un ordre étouffant, jugé inadapté ou sclérosé, pour inaugurer une ère nouvelle. Mais, entre sentiment de culpabilité ou d'infériorité et tentation de la reproduction, l'échec menace souvent la révolte des fils, aussi juste soit-elle. La rébellion des filles, traditionnellement écartées de la sphère du politique, peut en ce sens paraître dotée d'une plus grande irrévérence, d'un pouvoir de transgression plus fécond.
Sans limitations chronologiques ni culturelles, ce volume entend montrer combien la matière mythique est apte à explorer le désir d'émancipation à l'égard du parent biologique, symbolique ou politique. Entre désobéissances, révoltes avortées et libérations, renversements de l'ordre despotique et sublimations par la création, une riche constellation de figures est ici convoquée, issue des mythes gréco-romains (OEdipe, Antigone, Électre, Oreste, Médée, Zeus, Brutus) et bibliques (Caïn, les enfants de Noé, Isaac, le Fils prodigue). Des figures forgées plus récemment viennent aussi éclairer l'expression de cette rébellion (Mordred, Brünnhilde, Hamlet, Don Juan).
Véronique Léonard-Roques est maître de conférences en littérature comparée à l'Université Blaise-Pascal.
Stéphanie Urdician est maître de conférences au département d'études hispaniques et hispano-américaines de l'Université Blaise-Pascal.