Collection(s) : Classiques slaves
Paru le 12/02/1990 | Broché 358 pages
traduction et présentation de Gérard Abensour
Alexandre Blok naît en 1880 dans une famille d'universitaires, d'un père professeur de droit et d'une mère femme de lettres. A 26 ans, alors qu'il termine des études de lettres à l'Université de Saint-Pétersbourg, il est déjà célèbre. Il est l'enfant chéri des Symbolistes russes qui voient en lui le poète éthéré, chantre de la Belle Dame (1901), initiatrice mystérieuse qui conduit l'homme sur la voie du salut. Son inspiratrice est la fille du célèbre chimiste Mendéléev dont le prénom Lioubov signifie Amour, et qui sera bientôt sa femme. A cet élan d'idéalisme succède une descente aux Enfers dans les tourbillons ivres de la passion tzigane, que vient tempérer la réflexion sur le sort de l'homme et des civilisations qui se déroule dans l'admirable cycle des Poèmes d'Italie (1909). Mais la grande énigme qui l'interroge c'est la Russie et son peuple imprévisible, grossier, asiatique, brutal et pourtant assoiffé de spiritualité. Les témoins de cette interrogation sont La Bataille de Koulikovo (1908), lutte confuse où la Russie prend conscience de son identité face à l'occupant mongol, les Scythes (1918), moment de doute face à l'indifférence de l'Occident, et les Douze (1918), poème qui insère les convulsions révolutionnaires dans une perspective christique.
Lorsqu'il meurt en 1921, miné par la faim et la maladie, dans un Petrograd découronné en faveur de Moscou, il laisse le souvenir d'une conscience adamantine, d'un veilleur solitaire égaré sur les rochers abrupts de l'histoire.
Outre son œuvre poétique où il s'égale aux plus grands, Blok laisse un abondant héritage littéraire : articles de réflexion critique qui témoignent d'une pénétrante lucidité (Œuvres en prose, l'Age d'Homme, 1974), œuvres dramatiques qui se situent dans la mouvance d'un impressionnisme cher à Maeterlinck, traductions, journaux intimes qui en font un témoin précieux de la vie littéraire et artistique de son temps...
Sa palette azurée s'inscrit avec une singulière force de conviction dans la gerbe torturée de notre siècle haletant.
(Voir le texte du premier rabat.)
