Passé recomposé

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 117 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 15cm X 21cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-914362-44-3
EAN : 9782914362443

Passé recomposé

de

chez Ours blanc

Collection(s) : Documents

Paru le | Broché 117 pages

Tout public

15.00 Indisponible

préface de René Merle


Quatrième de couverture

Passé Recomposé a été écrit par mon père, Roger Cherrier, militant syndicaliste et communiste, né en 1928 et mort en 2009. Ce récit autobiographique, partiel (de 1928 à 1945), relate à la fois les évènements historiques tels que mon père les a vécus dans sa famille communiste, et la vie quotidienne dans le Berry. Son père, arrêté une première fois avant la rupture du pacte germano-soviétique, puis déporté à Sachsenhausen, sa mère arrêtée et internée, il reste seul avec sa grand-mère et son petit frère, chargé de lourdes responsabilités. Tranche de vie terrible qui ne l'a pas empêché de rester jusqu'au bout cet homme engagé, sensible et cultivé qui m'a tant apporté.

Pascale Cherrier.

«... on ne trouvera pas dans ces lignes autojustification, emphase hagiographique, réécriture d'histoire. Des faits, seulement des faits, et le souvenir, «recomposé» au plus juste de l'empreinte qu'ils ont pu avoir sur un jeune garçon. Roger Cherrier qui écrit est un homme qui ne se pose pas en modèle, qui se sait héritier, et qui se sait libre en même temps. L'ouvrage est suspendu à la Libération, qui est pour Roger bien sûr porteuse de bonheur et de retrouvailles, mais aussi qui lui ouvre les yeux sur bien des récupérations opportunistes, et qui le laisseront sans illusions sur la réalité de la lâcheté des plus faibles et de la haine des puissants.»

Extrait de la préface de René Merle.

... Mais très tôt, ce que j'aime le plus, c'est le 1er mai à la Bourse. Je tiens papa par la main quand il fait tamponner sa carte syndicale par un camarade à moustaches qui ne plaisante pas, mais dont les yeux s'éclairent quand il serre les mains d'une poigne vigoureuse. Et les églantines rouges s'épinglent au fil des années au Calendrier des Postes. Il fait un ciel menaçant en 1934 quand nous arrivons à la Bourse. Dans la grande salle glaciale, après des prises de parole sans micro, applaudies, j'entends l'Internationale, l'Inter, que je n'ai jamais pu écouter sans émotion, gorge nouée et larmes dans les yeux. Les gars déroulent une banderole et déploient les drapeaux rouges. Ils vont sortir malgré l'interdiction. Ils sortent. En face, au fond de la place, des hommes à cheval, casqués, attendent immobiles... L'officier, soudain, met le sabre au clair. «Chargez !». Ils foncent. C'est la houle des drapeaux. À nouveau l'Inter. Les gars refluent. Sur le terre-plein, nous, les familles, les femmes et les enfants, nous regardons. Des copains reviennent chercher des chaises pliantes pour les foutre sur la gueule des flics. Coco, le gérant du café, est d'accord. Il s'en fout des chaises. Tous les camarades regroupés reviennent. Et encore l'Inter. J'ai eu la trouille pour eux, pour papa, pour mon oncle. Je serre la main de maman. J'ai six ans. Je n'oublierai jamais. ...