Collection(s) : Théâtre des 5 continents
Paru le 21/02/2017 | Broché 60 pages
Passer Cerbère
26 septembre 1940. Pour fuir les nazis et gagner l'Amérique, Walter Benjamin franchit les Pyrénées en profitant d'une filière d'évasion. Arrivé à la douane espagnole de Portbou, le philosophe juif et marxiste apprend que, faute d'un visa de sortie devenu obligatoire, il va être refoulé à Cerbère vers la France de Vichy.
Matias est douanier. Il ne décolère pas de voir « un défilé de Juifs communistes » pénétrer dans son Espagne que Franco a « nettoyée ». Pour y mettre fin, il veut que soit commis un crime retentissant : tuer Walter Benjamin avant son renvoi à Cerbère.
Matias et Maria ont deux fils jumeaux dont la guerre civile a fait des ennemis : José, qui est nationaliste et Flavio, que Matias a maudit parce que c'est un « Rouge ». Maria refuse de faire son deuil de la vie de famille. Clara, l'amie d'enfance des jumeaux, est convoitée par José, mais fiancée à Flavio. Elle désespère de pouvoir l'épouser parce que, refusant de déposer les armes, il a rejoint un maquis résiduel.
Dans cette famille qu'ont déchirée les luttes partisanes, on voit naître la tentation du terrorisme. On voit la puissance d'une idée fixe et la rouerie des intérêts personnels qui rusent avec les valeurs humanistes.
Parce qu'au théâtre le charnel l'emporte sur le virtuel, Régis Meney a plaisir à voir sur la scène ses mots prendre chair. Aussi passionné par les choses de l'esprit qu'amoureux du langage, il situe ses intrigues à l'articulation de l'idée et du sentiment. De la tragédie à la commedia, il écrit pour le théâtre sur tous les tons, sur ce qui donne à penser, à rire et pleurer chez le genre humain.