Paru le 01/01/1990 | Broché 344 pages
traduit de l'espagnol par Françoise Campo-Timal
Terre de vastes plaines, de forêts et de fleuves, le Paraguay est coupé de la mer. Longtemps, cet isolement géographique s'est doublé d'un isolement culturel. Aux XIXe et XXe siècles, en effet, deux guerres dévastatrices l'ont, à chaque fois, laissé exsangue ; la première, de 1865 à 1870, contre l'Argentine, l'Uruguay et le Brésil ; la seconde, de 1932 à 1935, contre la Bolivie, pour la possession du Chaco boréal. Si l'on ajoute les dictatures et les guerres civiles, quoi d'étonnant que la vie culturelle se soit fortement ressentie de tels événements ? Que la littérature, entre autres manifestations créatrices, ait accusé, de longues années durant, un retard relatif par rapport à celle des autres pays de l'Amérique latine ?
A l'aube de notre siècle, le chant poétique se complait encore dans une attitude romantique, teintée parfois de baroque, assume tardivement le post-romantisme, puis s'ouvre peu à peu au modernisme. Mais il faudra attendre la «génération des années 40» pour voir la poésie paraguayenne combler son retard, se mettre au diapason du reste de l'Amérique latine et entrer de plain-pied dans le siècle. Des noms s'imposent ici : Hérib Campos Cervera, Augusto Roa Bastos, Elvio Romero. Josefina Pla...
Emouvante, sensuelle, imprégnée çà et là de la mythologie des grands ancêtres guaranis, amoureuse des vastes espaces, nostalgique de la mer rêvée par delà les horizons végétaux, éprise de liberté, vibrante de révolte, cette poésie est à l'image du pays lui-même, une «île entourée de terre».