Collection(s) : Romantisme et modernités
Paru le 01/04/2003 | Relié 403 pages
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Dès la fin du XIXe siècle, on imagine volontiers les héroines de Maeterlinck, de Lorrain ou de Laforgue sous les traits de pâles Ophélie, inaccessibles «Damoiselle élue», Beata Beatrix et autres Lady Lilith immortalisées par les préraphaélites anglais. Si certains écrivains ont cherché l'incarnation de leur rêve dans ces images fascinantes, d'ailleurs plus souvent commentées que réellement contemplées, est-on pour autant autorisé à parler, au nom d'un parallélisme thématique, d'une influence de la peinture préraphaélite sur la littérature symboliste ou faut-il envisager le succès du mouvement anglais sur le continent comme le résultat d'une campagne menée par un groupe d'écrivains cherchant à se doter, par tous les moyens, d'une branche picturale ?
C'est à cette question que Laurence Brogniez se propose de répondre en tentant de démêler les enjeux, tant esthétiques que stratégiques, qui se dissimulent dans les milieux symbolistes belges et français sous l'utilisation du mot «préraphaélite». Ce «vocable magique dont la vertu semble dispenser de tout éclaircissement», comme le décrivait déjà un critique de l'époque, invitait à être redéfini à la lumière des recherches récentes entreprises sur le creuset artistique que fut la fin du XIXe siècle en Europe. Une fin de siècle qui ne ressemble qu'à elle-même pour avoir su créer des rencontres inédites entre littérature, musique et arts plastiques.
Laurence Brogniez est docteur en philosophie et lettres de l'Université Libre de Bruxelles et chargée de recherches au Fonds National de la Recherche Scientifique. Spécialiste du XIXe siècle, elle a consacré ses recherches aux discours sur l'art et au problème de la transposition intersémiotique.