Collection(s) : Education et philosophie
Paru le 21/05/2007 | Broché 187 pages
Projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes
Quand bien même le Projet d'une loi portant défense d'apprendre à lire aux femmes (1801) de Sylvain Maréchal se présenterait comme une plaisanterie « aimable », il développe la plus grande partie des arguments misogynes que l'on peut trouver dans une tradition littéraire « machiste » qui se poursuit aujourd'hui. Sa conclusion est radicale : si on souhaite conserver quelque autorité sur les femmes, il convient de les tenir éloignées de la lecture et de l'écriture, c'est-à-dire de la connaissance.
Dès 1801, deux femmes font paraître à quelques jours d'intervalle des réponses argumentées à ce qu'elles tiennent au mieux pour une « sottise », et au pire comme la production d'un « esprit dérangé », remettant Sylvain Maréchal à sa vraie place de bouffon réactionnaire. Marie-Armande Gacon-Dufour écrit un prudent et subtil Contre le projet de loi de S. M. portant défense d'apprendre à lire aux femmes par une femme qui ne se pique pas d'être femme de lettres ;Albertine Clément-Hémery, plus démonstrative, rédige un violent Les femmes vengées de la sottise d'un philosophe du jour ou réponse au projet de loi de S. M. portant défense d'apprendre à lire aux femmes.
La confrontation de ces trois textes publiés ici conjointement éclaire, au-delà de la période révolutionnaire, les arguments auxquels ont encore recours nombre de nos contemporains.
Professeur émérite des universités, Bernard Jolibert a enseigné l'histoire de la pensée éducative et la philosophie de l'éducation. Auteur de L'enfance au XVIIème siècle (Vrin), L'éducation contemporaine (Klincksieck), Platon, l'ascèse éducative et l'intérêt de l'âme (L'Harmattan), Mots clés pour réussir l'entretien oral du concours de professeur des écoles (Seli Arslan), il dirige actuellement le G.R.E.P.H.E. (Groupe de Recherche en Philosophie de l'Education) à l'I.U.F.M. de la Réunion.