Paru le 01/06/1998 | Broché 254 pages
Public motivé
édition et notes Didier Poton
Sans doute plusieurs récits ont déjà illustré la période de la Révocation ou la saga camisarde, mais celui d'Elie Salvaire, notable influent de Saint-Jean-du-Gard, tour à tour réformé puis nouveau catholique, apporte un éclairage original sur la question. Spectateur engagé à l'écoute de deux communautés, informé et averti de tout, ce négociateur de Villars et Basville auprès de Rolland suit de très près les événements qu'il relate au jour le jour, notes qu'il enrichira parfois de détails significatifs.
Connu depuis longtemps, un temps perdu avant d'être retrouvé mais resté inédit à l'exception de quelques passages révélés par Philippe Joutard, le <
Constitué de deux textes, le mémoire d'Elie Salvaire traite, d'abord, des dragonnades de 1685 à 1686, puis de la guerre des camisards entre 1702 et 1704.
Ecrit avec vivacité et précision, ce mémoire contient de précieuses informations - notamment les tractations secrètes entre camps adverses - sur ces années sombres où un peuple opprimé prit les armes pour ne pas perdre sa foi et son identité.
Eue Salvaire, sieur de Cissalières, est né à Saint-Jean de Gardonnenque en 1646. Après des études juridiques, il est reçu docteur en droit et devient avocat. A ce titre, il se verra confier la défense des intérêts de la communauté protestante de la ville. En 1672, succédant à son père, il reçoit la charge de juge seigneurial et de bailli qu'il devra abandonner sept ans plus tard en tant que réformé. Après les événements de 1683 et les représailles qui frappent les habitants de Saint-Jean-du-Gard, il est chargé, au titre de syndic de la R.P.R., de la défense de la communauté protestante auprès des autorités, notamment le duc de Noailles et l'intendant D'Aguesseau. Ayant négocié l'abjuration des notables et devenu nouveau catholique, il retrouve sa charge. En homme d'ordre soucieux de son ascension sociale, il participe à la répression de ses anciens coreligionnaires révoltés. En 1704, malade, il interrompt la rédaction de ses mémoires. Il meurt vers 1726.
Agrégé, docteur en histoire de l'université de Montpellier (Centre d'histoire des réformes et du protestantisme), Didier Poton, après avoir enseigné à l'université Paul-Valéry de Montpellier, à la faculté de Théologie protestante et à l'université de la Rochelle, est actuellement professeur d'histoire moderne à l'université de Poitiers. Directeur du Groupe de recherches historiques du Centre Ouest-Atlantique (Gerhico), il est également directeur-adjoint de l'I.U.F.M. de l'académie de Poitiers. Auteur de plusieurs ouvrages et articles sur le protestantisme, notamment cévenol, à l'époque moderne.