Collection(s) : Le Nadir
Paru le 01/01/1991 | Broché 231 pages
roman
Michel Boldoduc s'était déjà fait connaître par deux romans, L'encerclé vif et Le bateau de craie, et par une pièce de théâtre, Les remontoires, trois œuvres publiées par Gallimard.
Disparu prématurément en 1989, il venait d'achever Rétaorah, chronique «imaginaire» d'une ville sans doute grécoarabe, clôturant une grande civilisation par une agonie épicurienne. Ce texte à mi-chemin du roman et du récit est dû à un écrivain qui s'était tenu à l'écart des courants littéraires ou médiatiques, leur préférant la thébaïde d'une écriture lentement maturée ; il est aussi le parcours dramatique d'un homme rongé d'avance par la perspective de sa propre destruction.
En attendant, Boldodue nous conduit dans le lacis des rues et des vies secrètes de la cité condamnée ; dans le creuset des passions au sein d'un univers achevé mais encore assez fécond pour colorer violemment son crépuscule. Des touches d'humour très fines ainsi qu'un art certain pour saisir au passage les bonheurs quotidiens, viennent à propos relativiser l'atmosphère de «déclin».
Né et élevé à Constantine, professeur agrégé d'espagnol dans le Midi de la France, l'auteur nous transmet son goût des vastes steppes algériennes et aussi des espaces ibériques et africains où il avait voyagé. Rétaorah se termine finalement dans le désarroi presque maîtrisé d'un narrateur qui a su transcender ses blessures culturelles et personnelles.
Le style tout d'élégante sensualité de Boldoduc fait encore plus regretter la brisure avant terme du cursus de ce véritable écrivain.