Retour d'y voir, n° 5. Retraits de l'artiste en Philippe Thomas

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 358 pages
Poids : 400 g
Dimensions : 17cm X 24cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-940159-51-2
EAN : 9782940159512

Retraits de l'artiste en Philippe Thomas

chez Musée d'art moderne et contemporain de Genève

Serie : Retour d'y voir. Vol 5

Paru le | Broché 358 pages

Public motivé

Revue
22.00 Indisponible

Quatrième de couverture

Numéro cinq

Retour d'y voir

L'inconvénient du nom d'auteur [...], surtout quand il est unique, est de geler l'identité, en la restreignant à une partie d'elle-même, et en immobilisant les images extérieures qui en sont données. Il n'est pas une précision, mais bien davantage une restriction. Il n'est dès lors pas étonnant que certains écrivains, attentifs à leur propre division, se sentent à l'étroit à l'intérieur de ce nom et tentent à tout prix de s'en extraire.

Et ce n'est pas seulement l'identité qui se trouve amputée par l'apposition arbitraire d'un nom unique avec toutes les images restrictives qui s'y associent, ce sont surtout les oeuvres qui risquent de ne plus être lues que selon une direction univoque. Le recours à un nom d'emprunt permet au contraire d'accroître la polysémie du texte, non pas en le transformant - il reste identique à lui-même -, mais en multipliant les significations virtuelles dont il est porteur.

Il est alors regrettable que cette vérité, comprise par tant d'écrivains qui choisissent de se donner des pseudonymes, échappe à la plupart des critiques, qui s'obstinent, au détriment des auteurs qu'ils sont censés faire valoir, à maintenir rigide le lien entre un nom d'auteur et une oeuvre, alors que celle-ci a tout à gagner à être associée, de manière temporaire ou définitive, à d'autres noms.

Et c'est pourquoi il serait dommage, et même insensé, de se priver de tous les bénéfices que peut apporter, à une connaissance approfondie de la littérature et de l'art, un recours plus large et plus concerté aux attributions mouvantes, injustement qualifiées d'« erronées ».

Pierre Bayard, Et si les oeuvres changeaient d'auteur ?