Collection(s) : Du monde entier
Paru le 19/06/2002 | Broché 503 pages
traduit de l'italien par Thierry Laget
Comment Viktor Nikolaïevitch Obiline, paisible Moscovite et professeur d'histoire, peut-il se repentir d'avoir confié à sa jeune étudiante, Tatiana Borisovna, une thèse au sujet anodin : «Les cadres du Parti dans la région de Bakou de 1945 à 1953» ?
Nous sommes en 1988 : entre glasnost et perestroïka, Gorbatchev a entrepris de réformer l'Etat, entrouvrant la boîte de Pandore. L'immense échafaudage de l'empire soviétique commence à vaciller. Dans les archives officielles, la vigilance se relâche, la paresse fataliste de l'âme russe se régénère après les ivresses du socialisme, et des fissures lézardent l'édifice du secret. C'est en s'y engouffrant que Tatiana entre en contact - par curiosité, par hasard, par entêtement vengeur - avec des vérités embarrassantes, périlleuses, mortelles...
Comme elle, le juge Nazat Kallistratovitch Lappa, qui enquête sur l'assassinat d'un imam, ne veut pas lâcher prise. Entre Azéris, Arméniens et populations anxieuses, toujours plus éloignées d'un centre qui se désintègre, les puissants trament leurs complots : doublement compromis - lorsqu'ils étaient jeunes dans la répression stalinienne, aujourd'hui avec les groupes armés intégristes qui pullulent à la périphérie de l'empire -, ils organisent la lutte pour leur survie, en dépit des lois et des intentions du Kremlin. Ils sont poussés par de puissants mobiles : le pouvoir, l'argent, le pétrole, Dieu...
«Pour présager les tourments à venir», dit un vers d'Ossip Mandelstam, le grand poète déporté en Sibérie. Quels tourments se profilent derrière les énigmes dont Alessandro Barbero tisse les fils avec une habileté diabolique ? Avec des rebondissements incessants, dans des tonalités inspirées des grands Russes, de Gogol à Boulgakov, avec ce souffle à la fois épique et familier qui rend sa lecture irrésistible, le romancier pose une dernière fois les grandes questions politiques et éthiques du XXe siècle. Derrière les papiers poussiéreux des archives, il montre la chair et le sang, les victimes et les assassins : des hommes qui ont assassiné il y a cinquante ans et qui sont, aujourd'hui, de nouveau prêts à tuer.
Alessandro Barbero est né à Turin en 1959. Il enseigne les institutions médiévales à l'université de Rome Tor Vergata. Son premier roman, La belle vie ou les aventures de Mr Pyle, gentilhomme (Gallimard), a connu un succès international.