Collection(s) : Bibliothèque d'histoire moderne et contemporaine
Paru le 25/01/2011 | Relié 519 pages
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Consacrer une étude à la sainteté au temps des Lumières peut paraître incongru tant l'idée d'une déchristianisation est associée au dernier siècle de l'Ancien Régime. La littérature hagiographique, soutenue par la fabrique romaine des saints et la rénovation des liturgies diocésaines, n'y enregistre pourtant qu'un déclin relatif. Certes, la période s'avère peu propice à l'éclosion de la fama sanctitatis de nouveaux serviteurs de Dieu, moins par l'effet d'une désaffection des fidèles qu'en raison d'un contrôle accru des clercs sur les dévotions et les manières de croire. En revanche, elle consolide l'influence des intercesseurs gallicans et consacre l'introduction dans les bréviaires et les calendriers des hérauts de la Contre-Réforme. Le XVIIIe siècle a ainsi contribué au renouvellement du sanctoral et assuré l'ancrage des modèles de comportement chrétiens dans les différentes strates du corps social. L'implication croissante des laïcs et du clergé séculier dans la production des textes édifiants, au moment où la présence des religieux s'efface, en rend un témoignage éloquent.
Éric Suire est agrégé d'histoire et docteur en histoire de l'Université de Bordeaux III, où il exerce les fonctions de maître de conférences. Ses recherches portent sur les croyances, l'expression du sentiment religieux, le livre de spiritualité sous l'Ancien Régime.