Collection(s) : Fawohudie
Paru le 01/01/2016 | Broché 67 pages
Tout public
Avant d'aborder l'apprentissage du français, la plupart des écoliers de notre petite ville étaient déjà des polyglottes. Nous parlions tous, outre notre langue maternelle, le baule et le bambara ou dyula. Tout au moins, les formes rudimentaires dans lesquelles ces deux idiomes s'étaient répandus dans toute la colonie sur les traces des conquérants, et s'étaient imposés comme langues d'usage, notamment, sur les marchés. Ainsi, nous avions tous deux ou trois langues naturelles, une pour la maison, une ou deux autres pour la rue. Ces langues, nous les avions apprises Dieu sait comment. Sans effort et sans fatigue en tout cas. Et, naturellement, nous en usions sans nous préoccuper le moins du monde ni de leurs beautés, ni de leur richesse, ni de leur efficacité expressive. On nous aurait aisément persuadés qu'elles étaient vouées à s'effacer dans l'année même devant le français... Ce qui ne coûte pas d'effort ni de fatigue a-t-il une valeur et mérite-t-il qu'on y tienne ?
Quant au français... Ah ! le français !...
Natif d'Anono, entre Abidjan et Bingerville, Marcel Amondji est l'auteur de plusieurs essais, notamment sur l'histoire politique de son pays et d'un roman, Sidjè ou la marche des femmes sur la prison de Grand-Bassam.