Paru le 30/11/2020 | Broché 485 pages
« Si Léonce Tourneur, Edwige Van Loo et Marjorie Petrovi(...) regagnèrent le samedi soir les mêmes places réservées au troisième rang dans la salle du Temple, si la touffeur de l'air persistait tout autant que la veille au-delà de vingt heures trente, le concert fut sur bien des points différent du précédent. Plus de basson, plus de clarinette, seulement les Nägeli [...] Ils étaient jeunes, dynamiques comme des sportifs, enthousiastes comme des adolescents et la passion qui les animait les rendait forts et solidaires. [...] Ils portaient tous les trois, la fille à l'instar des garçons, des chemises de coton léger à manches longues mauve pâle très originales, d'inspiration asiatique, à col rond et long boutonnage étroit sur le côté droit. [...]
Edwige fut captivée dès les premières mesures de l'allegretto, gai, aérien, sinueux, savamment coquin ; les exécutants avaient l'air eux-mêmes étonnés de tant de fantaisie, comme s'ils venaient juste de prendre connaissance de la partition. Elle adora la proximité immédiate, complice des interprètes avec l'assistance. Des sourires entre eux, des clins d'oeil de connivence, à l'écoute les uns des autres ; ils avaient l'art de communiquer leur ferveur et leur joie de jouer, de mettre la salle en vibration intime. Deux minutes, guère plus, avant la fougue du scherzo, plus intense, aux ruptures inattendues, délurées et cocasses. Les archets, alternativement, gémissaient ou cognaient les cordes sans vergogne. Edwige éprouvait ce sentiment rare qu'en de tels instants de beauté désinvolte le monde pouvait bien s'effondrer. »
