Collection(s) : Savoir-agir
Paru le 06/02/2008 | Broché 109 pages
Tout public
«Sportifs en danger» ? La formule peut surprendre au regard des fortunes amassées par les champions les plus connus. Ils font pourtant figures d'exception. La plupart de ceux qui sacrifient leur vie à la pratique compétitive sont confrontés, en effet, à l'insécurité permanente. Mais, plus que l'incertitude des résultats, c'est le refus de les considérer comme des travailleurs à part entière qui crée les conditions de leur précarité.
Les dirigeants fédéraux contribuent à cette situation en encensant les vertus du sport amateur et désintéressé. Dénonçant les dérives de l'argent, ils appréhendent les athlètes dans une vision paternaliste, fermée à l'idée même de travail sportif. À l'inverse, ceux qui s'efforcent de promouvoir et de vendre le sport comme un spectacle déplorent le conservatisme des fédérations et participent, sous couvert de modernité, à l'instauration de pratiques libérales.
Pris dans l'alternative «paternalisme/libéralisme», les sportifs font figure de prolétaires de la performance. Tant qu'ils ne parviendront pas à faire reconnaître collectivement leurs conditions de travail spécifiques, ils devront supporter seuls les risques d'une carrière courte et aléatoire.
Sébastien Fleuriel et Manuel Schotté, sociologues et maîtres de conférences à l'université de Lille 2, sont membres du Centre d'études et de recherches administratives, politiques et sociales (CERAPS-CNRS).
Sébastien Fleuriel a publié Le sport de haut niveau en France. Sociologie d'une catégorie de pensée (PUG, 2004).