Collection(s) : Romantisme et modernités
Paru le 01/07/2004 | Relié 665 pages
Doctorat
«Instruire la démocratie, ranimer [...] ses croyances, purifier ses moeurs, régler ses mouvements, substituer [...] la science des affaires à son inexpérience, la connaissance de ses vrais intérêts à ses aveugles instincts, adapter son gouvernement aux temps et aux lieux, le modifier selon les circonstances et les hommes: tel est le premier devoir imposé de nos jours à ceux qui dirigent la société. Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau». Dès l'introduction de la première Démocratie, Tocqueville donne à son oeuvre une perspective et une finalité morales. L'ensemble de son oeuvre confirme que ses textes comme son action font de lui l'un de nos grands moralistes, moraliste et politique, moraliste du politique. Son admiration va d'abord au renversement des valeurs opéré par le christianisme originel puis à l'humanisme de la Renaissance et à l'universalisme des Lumières qui, pour lui, reprennent les valeurs de l'Évangile. Assuré qu'il n'existe qu'une seule humanité, il lutte pour l'abolition de l'esclavage, dénonce le génocide des Indiens et le racialisme gobinien. Législateur il entreprend une réforme carcérale: la prison doit cesser de former des criminels récidivistes, cesser d'être un remède pire que le mal; disciple de Montesquieu il analyse les interréactions qui se nouent entre les circonstances, les lois, l'état social d'un pays et les moeurs; modalités épiphénoménales des valeurs morales transcendantes. Moraliste politique il choisit, même s'il devait se heurter à la résistance du monde, Socrate contre Calliclès, Platon contre Machiavel, assuré qu'il n'est pas de politique véritable sans dimension éthique; moraliste, il l'est enfin par cette écriture si particulière qui doit tant aux moralistes du Grand siècle, posant pour nous les problèmes de la démocratie d'aujourd'hui dans le langage de l'aristocratie d'hier; Tocqueville reste l'homme du paradoxe.
Jean-Louis Benoît, agrégé de l'Université, docteur ès lettres a été successivement professeur de lycée, chargé de cours à l'Université de Caen et professeur des classes Préparatoires aux Grandes Écoles; il a obtenu une double qualification comme Maître de Conférences en philosophie et littérature.
Co-organisateur du colloque international L'Actualité de Tocqueville en 1990 dont les actes ont été publiés en 1991 dans les Cahiers de philosophie politique et juridique (no 19) du Centre de Publications de l'Université de Caen.
En 1998, il établit la publication du tome XIV des Oeuvres Complètes de Tocqueville (Gallimard): Correspondance familiale - Prix de l'Académie des Sciences, Arts et Belles Lettres de Caen. En 2000, il publie dans la collection Agora, Alexis de Tocqueville, Textes essentiels, Anthologie critique - Prix littéraire du Cotentin. Il est également l'auteur de nombreux articles et conférences sur l'oeuvre de Tocqueville.
