Toute une vie pour se déniaiser

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 122 pages
Poids : 216 g
Dimensions : 15cm X 21cm
Date de parution :
EAN : 9782881824746

Toute une vie pour se déniaiser

de

chez Zoé

Paru le | Broché 122 pages

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Quatrième de couverture

Amélie, dite Am', dialogue pied à pied avec une voix intérieure, celle de son irritante moitié qu'elle a baptisée Mégère, très à cheval sur sa petite morale.

Am' décide de consacrer toute une année à regarder le temps qui passe. Mégère la reprend à chaque phrase: "Tu t'y entends en poésie comme une truie en épices" ou " Tu nous as brisé les nerfs avec cette obsession de devenir une femme!". Am' répond: " Vilaine merlette " ou " Que voulais-tu devenir d'autre, vieille coquecigrue?" Mais elle ne dévie pas de son projet, observe les saisons et leurs couleurs, se souvient des enfants qui dessinaient librement dans ses cours et contemple sa petite-fille qui accroche les décorations de Noël à quelques centimètres du sol. Elle est résolue à détecter dans le passé et le présent la beauté, le geste créateur et le rêve amoureux. Bref, à vivre, enfin.

Les dialogues enlevés d'Amélie Plume ont été comparés aux traits de crayon de Claire Brétécher. Ses récits précédents - Oui Emile pour la vie, Hélas nos chéris sont nos ennemis parmi d'autres - la situaient dans la satire sociale, conjugale et familiale. Avec Toute une vie pour se déniaiser, son neuvième livre, elle met en scène avec humour les deux personnages qui l'habitent.

Ma vie m'apparaît comme un ruisseau au fond duquel je suis affairée depuis toujours à repérer les cailloux qui empêchent l'eau de couler, à tenter de les déplacer, de les soulever et, dans un craquement du dos et un râle laryngé, de les rejeter sur le bord. Je reste alors un instant debout, le souffle court, les bras ballants et je regarde hébétée le travail accompli: mon tas de cailloux. Puis, je vois autour de moi d'autres personnes affairées à la même tâche. Nous nous exclamons - Quel boulot! Ça n'en finit pas, et ma mère qui... Et mon père que... Et moi mon patron... Et la maîtresse et le curé et mon mari et mes enfants et ma sciatique et ma prostate et mon porte-monnaie vide! Et le néolibéralisme...

- Am' ne commence pas avec des mots obscènes!

- Oui Mégère.

Toute mon attention s'est toujours portée sur les cailloux qui empêchent l'eau du ruisseau de s'écouler, sur ceux que j'ai déplacés et sur ceux qu'il reste à déplacer. Ma satisfaction ainsi que l'estime de moi-même proviennent de l'inlassable acharnement que je voue à ma tâche. Et donc de la hauteur de mon tas de cailloux. Mais aujourd'hui, j'ai envie de me reposer, de m'asseoir au bord du ruisseau et d'observer l'eau qui coule.