Tragédies (1684-1685)

Quatrième de couverture

Si Hugo voulait faire de Campistron l'épigone par qui une tragédie classique en décadence aurait perdu ses «plumes d'aigle», il est temps de redécouvrir un dramaturge aux succès triomphaux, le plus considérable des années qui suivirent la retraite de Racine. Les trois tragédies ici rééditées sont singulières : apparemment démarqué de Nicomède, Arminius reconfigure notablement les caractères et la dramaturgie de Corneille ; Andronic transpose le Dom Carlos de Saint-Réal sous le signe de Mithridate ou de Phèdre ; Alcibiade épure Plutarque en une étrange élégie.

La tragédie selon Campistron témoigne ainsi de tensions remarquables : sujets historiques nourris par le roman ; actions simples pour personnages composites ou ambigus ; héroïsme galant mais amorti dans la mélancolie, la frustration et l'impuissance ; passions inquiétantes résolues en morts édifiantes ; victoire des bienséances alliée à des considérations politiques insolites ; univers aristocratique où caractères et affects valent par leur dimension privée. L'économie scénique de l'instant l'emporte sur la poésie du style - Voltaire l'a bien vu - de même que l'hédonisme du pathétique entrave l'interrogation morale. C'est justement que Campistron, dans ces années 1680, ouvre les voies, à maints égards originales, d'une poétique de la pitié où s'exprime une sensibilité de moderne.

Le texte des trois tragédies est accompagné d'une importante documentation (biographie, éléments d'analyse esthétique, sourcese).

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