Collection(s) : Bibliothèque des textes philosophiques
Paru le 10/03/2022 | Broché 297 pages
introduction, traduction, commentaire et notes par Daniela Patrizia Taormina
C'est une nouvelle conception de la sensation et de la mémoire qu'élabore Plotin dans ce Traité 41 (Ennéades IV, 6). Elle consiste à attribuer à ces facultés une nature éminemment active : elles sont « une espèce de force ». Au IIIe siècle de notre ère, cette thèse s'oppose au modèle traditionnel de l'empreinte dans l'âme, déjà utilisé dans Théétète de Platon (igic-d). Dans ce dialogue, l'âme est assimilée à un morceau de cire, la sensation à une impression sur la cire et la mémoire à la permanence et à la conservation de cette impression. Malgré la fortune séculaire de cette métaphore destinée à élucider les processus cognitifs, Plotin s'en démarque nettement. Déniant toute valeur de vérité à l'exposé du Théétète, il analyse les difficultés soulevées par l'admission d'une empreinte dans l'âme. Il fait appel à la logique, s'appuie sur l'observation des faits et reprend le débat scientifique le plus récent pour construire son chef d'accusation fondamental : la conception de l'empreinte, bien que destinée à assurer la connexion entre l'âme et le monde extérieur, finit par réduire ce qui est perçu ou remémoré à une image subjective, indépendante de la réalité empirique. Contre ce modèle et les conséquences qu'il entraîne, Plotin établit que la sensation et les différentes dimensions de la mémoire de l'évocation à la mémoire spontanée, de l'effort de rappel à la mémoire-habitude résultent des activités de l'âme.
Daniela P. Taormina enseigne l'histoire de la philosophie antique à l'Université de Rome « Tor Vergata ». Ses recherches portent notamment sur la psychologie, la gnoseologie et la métaphysique des philosophes de langue grecque de l'Antiquité tardive.