Collection(s) : Editions illustrées , Terre et eau
Paru le 10/11/2022 | Etui
Tout public
Tsukasa-ami
Icons of Japanese Algae (1907-1942)
« Les cystocarpes sont des points minuscules rouge sombre disséminés dans la substance de la fronde. Les filaments de la région médullaire sont faiblement imbriqués. D'un pourpre profond quand elle est fraîche, l'algue passe par toutes les nuances du rouge rosé au jaunâtre et au blanc. »
Publiés entre 1907 et 1923 et réédités jusqu'en 1942, Nihon sorui zufu (« Icônes des algues japonaises ») est un ensemble de quatre volumes réalisés par le botaniste et pédagogue Okamura Kintarō. Bilingues anglais et japonais, ils offrent une synthèse de ses recherches assidues sur les côtes de l'archipel et comportent 200 planches naturalistes réalisées en monochromie, le plus souvent un rouge-rosé très caractéristique. L'algue présentée ici, qui figure sur la planche 86 du deuxième volume, a été collectée par l'auteur sur l'île d'Ōshima près de Tokyo et dans les îles Amakusa et Kashiwa à la pointe sud du pays. Sa forme ondulée aux contours arrondis est percée de trous irréguliers qui lui donnent des allures de dentelles.
Né en 1867 à Edo - devenue Tokyo l'année suivante -, Okamura Kintarō étudie la botanique à l'université de la capitale avant de se passionner pour l'étude des algues présentes sur les côtes japonaises. En 1890, il enseigne au tout récent Suisan Denshūjo, l'Institut de formation des pêches, avant de rejoindre l'université de Kanazawa, sur la mer du Japon, où il peut ausculter à loisir ses végétaux aquatiques favoris. En 1900, il est le premier à traduire le terme « plancton » en japonais (fuyuseibutsu), treize ans après son invention par le biologiste allemand Victor Hensen (1835-1924). De retour à l'Institut rebaptisé Suisan Kōshūjo (« Institut impérial des pêches ») dont il devient le directeur vingt ans plus tard, il récolte, dessine avec art et classe des milliers de spécimens d'algues, aujourd'hui déposés à l'université de Hokkaidō. Pédagogue célèbre dans tout le pays pour sa collection d'ohraimono (« livres éducatifs »), honoré de la barrette de 3e classe de l'Ordre du Trésor sacré, il est élu président de la Société japonaise des pêcheries en 1935, l'année de sa mort. Son grand oeuvre, Nihon Kaisoshi (« Description des algues du Japon »), publié à titre posthume par son élève Yamada Yukio, détaille 1 006 espèces et constitue la base de la phycologie nippone. On estime aujourd'hui qu'il existe plus de 70 000 espèces d'algues, parmi lesquelles la dictyote d'Okamura (Rugulopteryx okamurae).
