Collection(s) : D'aujourd'hui
Paru le 31/01/2004 | Broché 288 pages
traduit du néerlandais par Spiros Macris
Simon Vestdijk
Un fou chasse l'autre
Le plus dérangeant peut-être parmi les grands romans de Vestdijk - maître pourtant de l'intranquillité -, Un fou chasse l'autre (1948 - resté inédit en français à ce jour) propose une descente dans l'univers intime de la folie.
Eddie Wesseling, un lycéen de seize ans en révolte secrète contre le monde, rêve de se livrer à des expériences dont les âmes bien-pensantes diraient qu'elles ne sont pas de son âge. Fasciné par la personnalité de son cousin Fré, un musicien qui passe pour fou et que son entourage humilie, il se persuade que lui seul peut le « sauver ». Ayant découvert que Fré venait d'être enfermé dans un asile, il lui rend visite et favorise son évasion : les deux garçons échangent leurs vêtements, et Eddie prend la place du « fou »... Dans une note rédigée lors de la sortie du livre, Vestdijk écrit qu'il a conçu son roman comme une « protestation contre l'indifférence », le monde de la folie ne nous paraissant finalement « étrange » ou « étranger » que parce qu'il excède les limites de notre compassion. Un constat auquel bien peu se sont risqués avec un tel mépris des précautions (Gogol seul, peut-être...). D'où le bizarre sentiment de danger dont le lecteur ne peut se déprendre au fur et à mesure qu'il avance dans ce roman, d'une singularité qui laisse pantois.
SIMON VESTDIJK(1898-1971): Parfois comparé à Proust - un Proust sauvage -, considéré aujourd'hui comme l'un des plus grands noms de la littérature néerlandaise (il manqua de peu le prix Nobel de littérature), ce romancier prolixe, qui fut aussi l'un des plus importants musicologues de son temps, n'a été jusqu'ici que très peu traduit en français, malgré la sidérante modernité de son uvre. Trois titres avant celui-ci ont paru aux Éditions Phébus : L'Ile au Rhum, Les Voyageurs, Le Jardin de cuivre - ce dernier roman, considéré comme l'un de ses chefs-d'uvre, ayant reçu un grand accueil de la critique : « La finesse de l'analyse appliquée à la brutalité des sentiments... Fascinant. » NICOLE ZAND/ LE MONDE