Collection(s) : Essais
Paru le 21/01/2012 | Broché 125 pages
Tout public
traduit de l'anglais par Agathe Peltereau-Villeneuve | préface d'Esther Benbassa
Une allumette vaut-elle toute notre philosophie ?
Personne n'avait imaginé que l'immolation par le feu d'un inconnu embraserait les peuples arabes, jusqu'à faire tomber des régimes autoritaires. Où se trouvaient alors les intellectuels et les philosophes arabes ? Tous morts, au sens propre ou figuré.
Les écoles de pensée arabes ont longtemps cherché une solution en termes de « vérité unique », qu'elle soit rationaliste, islamiste, marxiste, ou autre. Et elles ont échoué, constate Sari Nusseibeh. Il plaide en faveur d'un intellectuel ou d'un philosophe qui soit au-dedans et au-dehors du système, suffisamment enraciné en lui et suffisamment libre ou indépendant. Ni un « laïc », pour reprendre le terme de Julien Benda, c'est-à-dire un homme du monde séculier ; ni un « clerc », si retiré du monde que sa voix ne parvient pas aux laïcs. Il n'existe pas de meilleures leçons à étudier ou à enseigner que celles qui aident chaque citoyen à devenir capable de contribuer à une vie meilleure pour tous.
Ce modèle, Sari Nusseibeh l'applique au conflit israélo-palestinien : laissons de côté les solutions « définitives » et « justes » ; cherchons ce qui peut améliorer les conditions de vie ici et maintenant. Qu'Israël octroie aux Palestiniens qui le souhaiteraient un statut de résident leur permettant de travailler, de circuler librement dans le pays et d'accéder aux services publics. Que les Palestiniens renoncent provisoirement à revendiquer des droits politiques en Israël. Construisons d'abord un vivre-ensemble. C'est ce vivre-ensemble qui créera les conditions favorables d'une intelligence politique capable d'inventer l'avenir et d'apporter la paix.
Sari Nusseibeh, né en 1949 à Damas, appartient à une grande famille palestinienne de Jérusalem. Professeur de philosophie arabe médiévale (il a étudié à Oxford puis à Harvard), il préside aujourd'hui l'université Al-Quds, la seule université arabe de Jérusalem. Il est, depuis les années 1980, profondément engagé dans la recherche d'une résolution pacifique du conflit israélo-palestinien. Il est l'auteur de Il était un pays. Une vie en Palestine (Lattès, 2008).