Une famille andalouse : ethnocomptabilité d'une économie invisible

Fiche technique

Format : Broché
Nb de pages : 354 pages
Poids : 300 g
Dimensions : 17cm X 25cm
Date de parution :
ISBN : 978-2-35676-016-6
EAN : 9782356760166

Une famille andalouse

ethnocomptabilité d'une économie invisible

de ,

chez Bouchene

Collection(s) : Intérieurs du Maghreb

Paru le | Broché 354 pages

Public motivé

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Quatrième de couverture

Ce livre nous fait entrer dans la vie intérieure du monde hispano-marocain, à travers le regard d'une famille andalouse, ses gestes quotidiens, sa vie économique, ses fréquentations, sa vision du monde. Il le fait en ayant expérimenté, de 2007 à 2010, un genre d'enquête inédit : suivre pas à pas, au jour le jour, comment des gens comptent et évaluent, dans nos sociétés actuelles ; observer en situation ce qui compte dans la vie, sous tous ses aspects, depuis des relevés exhaustifs de la nutrition, des menues dépenses familiales, des emplois du temps quotidien, des conversations en famille, jusqu'aux récits de vie et leur évaluation : qu'est-ce qu'une vie réussie, qu'est-ce qu'une vie qui vaut la peine d'être vécue ?

Les ressources du foyer sont entièrement « invisibles », au regard des institutions. Le père conduit son entreprise artisanale de vente sur les marchés périodiques de la Costa del Sol, sans avoir pu obtenir de permis, la mère effectue divers travaux domestiques, les quatre enfants, de six à treize ans, scolarisés, ne contribuent que marginalement. Si les comptes ne considéraient que les ressources monétaires et les paiements en liquide, la famille devrait mourir de faim. Mais une partie des ressources provient de disponibilités gratuites, de services et de dons entre proches, familles et amis. C'est aussi une économie de « bons plans », où est mise en oeuvre une sociabilité des milieux populaires défavorisés, jointe à des formes de solidarité propres au milieu hispano-marocain. De plus, les récits de vie élargissent l'appréciation des situations et révèlent les références morales re-travaillées, empruntées aux deux continents et aux deux religions. L'émancipation féminine y tient une place cruciale.

Pour reconnaître les formes de cette économie dite « informelle », les auteurs ont mis au point une technique de comptabilité contextuelle, qui ne sépare pas les opérations et les évaluations par les intéressés, baptisée ethnocomptabilité. Ils proposent une méthode de bilans situés de bien-être, une démarche d'anthropologie économique et de sociologie de l'évaluation, mobilisable pour des comparaisons entre toutes les situations de notre planète aujourd'hui, concrétisant des voeux théoriques d'Amartya Sen.

L'intérêt de cette démarche est redoublé ici par les caractéristiques propres de la famille espagnole d'origine marocaine, qui a fait 1'objet de cette enquête entre 2007 et 2010. Les membres du ménage sont pour partie espagnols, pour partie marocains en train de devenir espagnols. Proches, parents, amis et partenaires économiques s'inscrivent aussi dans un espace bi-villageois et bi-continental. Tous sont liés au travers d'une économie qualifiée de « souterraine », simplement parce qu'elle est invisible aux institutions et aux statistiques officielles.

En accueillant Une famille andalouse dans Intérieurs du Maghreb, comment ne pas penser, par-delà l'évidence de l'argument de la mondialisation et de la circulation des biens et des personnes décrites dans cette enquête, au titre d'un autre ouvrage de Jacques Berque : Andalousies ? Pourtant l'économie décrite ici n'a rien d'un prélude aux Andalousies retrouvées que Jacques Berque appelait de ses voeux dans sa leçon de clôture au Collège de France.

Biographie

Alain Cottereau est sociologue et historien, directeur d'étude à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (Ehess), à Paris. Mokhtar Mohatar Marzok, est anthropologue, chercheur à Grenade et associé au Centre d'Étude des Mouvements Sociaux (Ehess).