Paru le 04/06/2003 | Broché 350 pages
Tout public
Au XIXe siècle, les déserts de Fontainebleau devinrent soudain irrésistibles pour qui voulait cultiver la Solitude au sein de la Nature : Senancour, Musset, George Sand, Michelet, les Goncourt, Flaubert s'y succédèrent. Ainsi Fontainebleau se constitua progressivement en objet littéraire, exhibant les marques de toutes les tensions qui travaillèrent la littérature, entre romantisme, réalisme et modernité. Fontainebleau fit payer aux écrivains la commodité qu'on leur offrait : évasion trop facile qui ne saurait que tenir lieu d'un authentique voyage, d'un véritable exil ; paysage mesquin souffrant d'un déficit de sublime ; lieu d'escapades vulgaires - et de trahisons non moins vulgaires, comme celle de Frédéric Moreau fuyant en juin 1848 la Révolution, «en compagnie d'une fille publique». Flaubert, ayant senti l'hypocrisie des évasions bohèmes, claqua sèchement la porte, dans l'Education sentimentale, sur cette forêt d'illusions, où, cependant, les frères Goncourt avaient salué la naissance du paysage moderne en peinture, une véritable Pâque des yeux.
Jean Borie, professeur honoraire à l'Université de Neuchâtel, a enseigné la littérature aux Etats-Unis, en France et en Suisse. Spécialiste du XIXe siècle, ses travaux sur Zola, Michelet, Huysmans ou Flaubert font autorité.
Il a récemment publié, chez Grasset, une Archéologie de la modernité (1999), et un roman, Un esprit si craintif (2001).