Paru le 05/01/2011 | Broché 342 pages
traduit de l'anglais par Cécile Arnaud
Mme Florence Lorrain (Librairie Atout-Livre)
C’est tout un pan de l’histoire de la Jamaïque qui se déroule ici, à travers le regard de July, née esclave en 1815 : la Jamaïque, colonie anglaise où l’esclavage fut aboli en 1838. A l’instar du titre en anglais, The lost Song, on lit ce roman comme on écouterait une longue, longue chanson, envoutante dés le début, vibrante d’émotion, avec des scènes de cruauté inouïe, mais aussi des instants de sérénité d’une éblouissante beauté et des récits d’une drölerie proche de la farce. Outre l’histoire, cette longue et si passionnante histoire, c’est une narration talentueuse , qui relève de la virtuosité même, que l’on salut bien bas.
Née sur la plantation Amity, en Jamaïque, au XIXe siècle July est la fille d'une «esclave des champs», travaillant dans les pièces de canne à sucre. La soeur du planteur, Caroline Mortimer, tout juste débarquée d'Angleterre, s'attendrit devant cette enfant espiègle et l'arrache à sa mère pour en faire sa servante. Rebaptisée Marguerite, July mène la vie d'une esclave domestique dans la maison du maître, obéissant aux ordres de sa tyrannique missus blanche, tout en apprenant les ruses destinées à adoucir son sort. Elle a quatorze ans, en 1831, lorsque éclate la révolte des Noirs qui va conduire à l'abolition de l'esclavage. Incapable d'élever seule son fils nouveau-né, elle l'abandonne aux bons soins d'un pasteur baptiste. Quant à sa mère, qui a participé aux émeutes, elle ne la reverra que pendue au gibet. C'est pourtant avec distance et humour que July, sur les conseils de son fils imprimeur, raconte sa longue histoire.
Le récit de July, c'est une voix unique, un franc-parler acquis dans les épreuves ; un monde haut en couleur qui naît du souffle puissant de sa mémoire.
