Paru le 15/02/2017 | Broché 155 pages
Tout public
préface par Dick Marty
Un viol à deux exceptionnel. D'abord par l'audace, l'improvisation, la sauvagerie, la rapidité et la brutalité de son exécution. Sur une grande artère déserte et éclairée, après minuit, coups, menaces, viols répétés, derniers cris de haine sexistes ; pas de témoin. Puis par le très long silence, près de trois ans, avant la plainte, les traits de violeurs oubliés. La victime cache d'abord l'histoire à sa famille, puis vit dans un sentiment permanent de culpabilité dont l'origine n'est pas claire. Elle consulte un centre d'aide aux victimes de violence, qui l'aide à porter plainte, et lui conseille de suivre les soins d'une psychothérapeute ayant l'expérience de l'hypnose dans le traitement des traumatismes sexuels. Après quelques séances, elle croit avoir retrouvé les traits de ses agresseurs assez clairement pour proposer à la police de faire des portraits-robots. Ce n'était pas le but initial.
Tout va aller très vite, un succès policier fulgurant : deux inspecteurs y voient chacun une ressemblance avec une photo déjà vue, et en identifient des suspects à l'aide de techniques relevant davantage d'une « présomption de culpabilité » que d'innocence. La défense demande une expertise de fiabilité, immédiatement rejetée par le magistrat instructeur. Les deux accusés, qui n'ont cessé de clamer leur innocence et n'ont aucun passé de violences sexuelles, seront reconnus coupables de viol, avec les circonstances aggravantes de la cruauté et de l'action collective.
Quinze mois plus tard, le Tribunal fédéral ordonne la libération des deux prisonniers, recommande l'acquittement de l'un et diffère sa décision pour l'autre sur la base d'un point de procédure. La fiabilité de la victime et celle des inspecteurs en souffre beaucoup, et les avocats attendent le dernier verdict avec beaucoup d'intérêt. Encore deux ans plus tard, et c'est la stupeur : la culpabilité du second est confirmée. Et le coupable manquant, alors ? On ne l'a jamais recherché.
Ce n'est pas une demi-erreur judiciaire, mais une forme de schizophrénie...