Collection(s) : Anthropologie du monde occidental
Paru le 26/11/2007 | Broché 268 pages
Public motivé
Le rap français est vu dans ce livre à partir des voix qui profèrent des paroles souvent condamnées pour leur violence et leur immoralité. Ancrant son regard dans une sociologie de l'action musicale, Anthony Pecqueux scrute la façon dont se déploie la relation entre rappeur et auditeur dans les paroles proférées. Interpeller l'auditeur, le tutoyer nonchalamment, l'inviter à s'associer en un «nous», sont quelques-unes des procédures utilisées par les rappeurs pour solliciter la coopération des auditeurs et faire émerger une culture de la convivialité.
Mais insulter les policiers (et les hommes politiques, les juges, les huissiers...), rendre hommage à des comportements déviants voire illégaux forment tout autant l'ordinaire des paroles des rappeurs. Pour répondre aux questions de violence et d'absence d'engagement politique que le rap suscite régulièrement, A. Pecqueux invite à prendre au sérieux les rappeurs lorsqu'ils placent le langage au centre de leurs interventions chansonnières. Ce langage, performé par une voix particulière et adressé à l'auditeur, se présente comme le mode de relation entre rappeur et auditeur, plus largement entre les êtres sociaux. Le rap accomplit ainsi une politique ordinaire, certes non exempte de violence, mais fondée sur la conversation.
Anthony Pecqueux est docteur en sociologie de l'Ecole des Hautes études en Sciences sociales, actuellement chercheur à FranceTélécom R&D (Sense / Orange Labs). Membre du SHADYC (Sociologie, Histoire et Anthropologie des Dynamiques Culturelles), au Centre de la Vieille-Charité à Marseille, ses travaux portent sur les cultures urbaines : les expériences musicales et patrimoniales en milieu urbain.