Paru le 30/11/2012 | Broché 123 pages
traduit de l'espagnol (Colombie) par Marianne Millon
« Sur cette planète, il ne faisait jamais jour, et la rivière coulait, de plus en plus rouge. La vieille utilisait les gouttes de lune et des herbes afin d'insuffler la vie dans le petit corps qu'elle avait cousu. Une nuit, arrivait un groupe d'hommes et de femmes en uniforme. C'étaient ceux qui semaient la mort sur toute la planète. Ils avaient les dents et les ongles peints en noir. Ces hommes et ces femmes dépecèrent la vieille femme et jetèrent ses membres dans la rivière. La rivière devait charrier tous les morts, mais elle ne disait rien, elle se contentait de rugir dans sa langue de rivière, la rivière était rouge et ses pierres étaient noires. Et quand les hommes s'apprêtèrent à la dépecer elle aussi, la Panchita parvint à s'enfuir, volant au sommet des arbres et esquivant les balles.
Alors venait une partie de l'histoire où le récit était un peu plus confus. Il y avait une montagne autour d'une ville avec de nombreux gratte-ciel. Sur cette montagne poussaient des maisonnettes. Une, deux, vingt, mille. La Panchita dansant, la Panchita buvant, la Panchita enregistrant des cassettes. La Panchita épousant un homme noir. Puis les propriétaires de l'usine remettant des liasses de dollars aux hommes en uniforme qui avaient dépecé la grand-mère de la Panchita. »
Zumbido : vrombissement ; bourdonnement d'une grande ville sud-américaine, vrombissement des usines et des voitures, crépitements des bandes magnétiques effacées.
Juan Cárdenas est né à Popayán (Colombie) en 1978. Il s'installe à Madrid en 1998, où il vit d'abord de petits boulots. Ses textes sur la culture populaire et la littérature marginale sont publiés dans différentes revues. Zumbido est son premier roman.
