
"les Miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs" : Rencontre avec Seloua Luste Boulbina, accompagnée de Louise Thurin
les Presses du réel viennent de publier " Les miroirs vagabonds ou la décolonisation des savoirs (arts, littérature, philosophie) ".
c'est l'occasion de venir entendre son auteure Saloua Luste Boulbina discuter de son ouvrage en compagnie de Louise Thurin, étudiante à l'Ecole du Louvre.
Penser
la décolonisation des savoirs et des pratiques intellectuelles,
littéraires et artistiques demande à réfléchir sur les lieux et les
formes de cette grande transformation. Pour la dire, il faut réfléchir
in concreto : elle a déjà commencé. Elle n'est ni devant nous, telle un
programme à initier, ni derrière nous, telle un processus achevé. Elle
est à l'oeuvre mais plus ou moins, de façon différenciée, dans le
travail d'écrivains et d'artistes qui irriguent ici la réflexion
philosophique. La décolonisation prend ainsi sens dans ses grandes
lignes comme son détail.
Autrefois, la métropole et la colonie
apparaissaient comme deux espaces tout aussi distincts en principe
qu'entremêlés en réalité. Les independances africaines ont profondément
modifié ce paysage, créant des entre-mondes de la philosophie, de la
littérature, des arts. Le sud peut déloger le nord. L'étrange(r)
voisiner avec le familier, le vivant cohabiter avec le fantôme. Les
affranchissements, les franchissements sont multiples, divers. Comment
les lignes se déplacent-elles et dans quels mouvements ? Les arts
visuels, la musique, la littérature montrent des chemins. Ce livre est
un parcours plus qu'un itinéraire, une critique plus qu'une doctrine :
une migration. Il est une philosophie de la décolonisation qui entend
montrer comment, dans les savoirs, le passé peut être dépassé.
L'image est tirée d'une oeuvre de l'artiste Jean-François Boclé