Carlo Crivelli et le matérialisme mystique du quattrocento par Thomas Golsenne en compagnie de Etienne Anheim

jeudi
14
décembre
20h00

Rencontres et Débats

Lieu : L'Atelier 2 BIS RUE JOURDAIN 75020 PARIS

"Carlo Crivelli (v. 1435-v. 1495) est un peintre vénitien, marginal et virtuose, au style puissant, étrange et inclassable, qui a longtemps suscité l'embarras des historiens de l'art. Sa peinture déjoue en effet les oppositions traditionnelles qui structurent la grille d'appréciation des artistes de cette époque : elle est à la fois du Moyen Âge et de la Renaissance, d'avant et d'arrière-garde, sacrée et profane, chrétienne et païenne. Ayant presque toujours vécu dans la Marche d'Ancône, une région loin des grands centres culturels comme Florence, Rome ou Venise, Crivelli est au courant de toutes les innovations de son temps, et va plus loin que la plupart de ses contemporains dans l'expérimentation picturale. Ce livre entend lui rendre la place qu'il mérite dans l'histoire de l'art du Quattrocento. Une place singulière à n'en pas douter, et de premier plan assurément.

Mais pour lui rendre cette justice, il ne suffit pas d'étudier son oeuvre en détail. C'est toute l'histoire de son temps qu'il faut revisiter.  C'est un autre Quattrocento que ce livre décrit : une époque où le Moyen Âge se paganise, où la spiritualité s'exprime par le luxe, le divin se manifeste de manière sensible, la peinture fait l'objet d'un culte, les saints, les artistes et les guerriers rivalisent de charisme. Le matérialisme mystique est la formule historique, culturelle et anthropologique qui décrit tous ces phénomènes et permet de comprendre comment la peinture de Carlo Crivelli est possible."

Thomas Golsenne est historien et théoricien des arts visuels, actuellement professeur à la Villa Arson, école nationale supérieure d’art de Nice. 

Etienne Anheim est historien, directeur d'études à l'EHESS. Ses recherches s’orientent désormais davantage vers l’histoire économique, sociale et matérielle de la peinture ainsi que, plus largement, vers l’histoire des pratiques de l’écrit entre le XIIIe et le XVe siècle, depuis les lettrés comme Pétrarque jusqu’aux inventaires de bibliothèques ou aux écritures comptables, en même temps qu’elles abordent des questions d’historiographie et d’épistémologie de l’histoire.