Collection(s) : Nouvelle
Paru le 27/01/2005 | Broché 65 pages
traduit du japonais par Silvain Chupin
«Sans but, j'ai pris la direction de la gare, où j'ai acheté un sucre d'orge à un marchand ambulant, que j'ai donné à mon fils, puis, l'idée me traversant l'esprit, j'ai acheté un ticket pour Kichijôji et je suis montée dans un train. Là, me tenant à une poignée, je regardais vaguement une affiche suspendue au milieu de l'allée, quand j'ai vu le nom de mon mari. C'était une publicité pour une revue dans laquelle il publiait un long essai intitulé François Villon. Tandis que je contemplais ce titre et le nom de mon mari, des larmes de douleur, je ne sais pas pourquoi, ont jailli de mes yeux et embué ma vue.»
Osamu Dazai (1909-1948) occupe dans l'histoire de la littérature japonaise une place singulière : celle de l'écrivain de la négation. Répudié par sa famille, alcoolique et morphinomane, Dazai multiplie les tentatives de suicide, seul ou avec ses maîtresses, jusqu'à celle qui lui sera fatale en 1948. Celui qui déclarait dans La Déchéance d'un homme : «J'ai vécu une existence remplie de honte. Pour moi, la vie humaine est sans but» deviendra après la défaite de la Seconde Guerre mondiale le porte-parole de toute une génération. Ses principales oeuvres sont aujourd'hui traduites : Soleil couchant (Gallimard), La Déchéance d'un homme (Gallimard), Cent vues du mont Fuji (Picquier), Pays natal (Picquier), Mes dernières années (Fayard). Écrit en 1947, La Femme de Villon est son dernier texte majeur inédit en français.