Le courtier en tabac

Troisième roman de Barth, Le Courtier en tabac (1960) est un sommet dans l’oeuvre d’un des
maîtres du roman post-moderne américain. Paru en France en 2002, c’était aussi l’une des premières traductions monumentales de Claro, un an après sa version française de Mason & Dixon de Pynchon. Outre une proximité thématique : les livres explorent, bien que chacun à leur manière, la naissance tourmentée des États-Unis - les disputes autour du Maryland, la terre des pionniers -, tous deux offraient un formidable défi au traducteur, en jouant sur les mots et les formes. Barth jongle brillamment avec les conventions des genres, roman picaresque en premier lieu : jeune niais, Ebenezer Cooke s’embarque pour l’Amérique investi du titre chimérique de Lauréat et Poète du Maryland. Héraut de l’Innocence - il lie sa virginité à son dessein littéraire - Ebenezer s’oppose en tout point à son précepteur, Henry Burlingame, jouisseur et insaisissable intrigant. Drôle, volontiers grivois, Le Courtier en Tabac est une gigantesque farce en même temps qu’un éblouissant roman d’aventures.