Collection(s) : L'envers du décor
Paru le 07/03/2024 | Broché 237 pages
Tout public
Il y a plus de soixante-dix ans, une tribu étrange a débarqué en France, à Sarcelles, Créteil ou Belleville comme sur la planète Mars. Dans ces villes grises où on pouvait rester des journées entières sans parler à personne, où les gens se pressaient sous un ciel noir, tête baissée. Ils se sont installés avec leur barda, leurs bruits, leur accent, leurs gourmettes en or, en roulant des mécaniques, avec leurs enfants cuivrés, leur femme blondissime et leur Mama à fichu qui sentait le safran. Les juifs tunisiens, les Tunes comme on les appelle, ont fait plus que s'adapter. Ils sont aujourd'hui partout au top niveau. En biologie, médecine, stomatologie, recherche, marketing, restauration, prêt à porter, showbiz, informatique, médias, enseignement, littérature, ils sont parmi les meilleurs, et le taux de réussite dans cette petite communauté est, dit-on, relativement élevé.
Leur secret ? Il faut peut-être le chercher en retournant aux sources, en Tunisie, véritable carrefour des cultures où ils côtoyaient Français, Italiens, Siciliens, Arabes, Maltais... C'est là qu'ils ont puisé leur formidable capacité à s'adapter. Ajoutez à cela le soutien inconditionnel de leur plus fervente groupie, leur mère, plus juive que nature, aux ambitions sans limites pour leurs enfants, ces héros et qu'il n'était pas question de décevoir. Et on aura, en partie, compris les raisons de leur réussite. Comment ces valeureux « exilés » se sont-ils fait remarquer ? Par la magie d'un mot inventé par Michel Boujenah. Un mot qui ne les a pas lâchés depuis des décennies, Les Magnifiques ! , et qui les ont rendus célèbres de 1984 à nos jours.
Entré au Nouvel Observateur en 1966, comme stagiaire, après avoir tourné dans les différents services du journal, Alain Chouffan s'est spécialisé dans les enquêtes d'investigation, et s'est passionné pour les scoops, devenant quelques années plus tard « l'homme des coups » de l'hebdomadaire. Le 18 octobre 1976, le magazine publiait avec Josette Alia, une enquête sur la fortune des Français, bravant toutes les résistances, ils y faisaient le point sur le patrimoine des hommes politiques. « Pour la première fois en France, avec Alain Chouffan, nous dressions la liste des plus grandes fortunes françaises. Autant dire que les deux enquêtes firent autant de scandale que de bruit » écrira plus tard Franz-Olivier Giesbert (8 janvier 1988). C'est encore lui qui révélera en 1996, les salaires des stars de la télé, enquête qui lui vaudra l'inimitié féroce de certains animateurs-producteurs. Depuis ces enquêtes, le président de la République, comme les députés et les sénateurs, une fois élus, doivent déclarer leur patrimoine.
