Paru le 09/03/2018 | Relié 154 pages
Tout public
traduit de l'italien par Philippe Di Meo
En 1986, Franco Maria Ricci soumit au regard de Giorgio Manganelli des images disparates : des tabatières et des armoiries, des tableaux célèbres et des palais sévères, des verres précieux et des photographies, des masques et des temples, de naïves enseignes peintes et de fragiles éventails. Immobile à sa table de travail, diligent, Manganelli élaborait des proses procédant de ces images. Il écrivait les chroniques de visites imaginaires à d'imaginaires Salons pour nous en offrir les comptes rendus, tel un nouveau Diderot, un nouveau Baudelaire. Le résultat fut une variation éblouissante de ce style enveloppant à nul autre pareil dans lequel l'écrivain est passé maître. Ce que ce style lui a dicté ne se superposera jamais à rien de ce qui a été énoncé par les historiens de l'art. La composante symbolique s'y trouve exaltée par une pensée sinueuse. Nous pouvons être certains que ses phrases se graveront pour un très long temps dans nos mémoires. Et lorsque nous lirons que certains plâtres révèlent « la tristesse de la neige mentale », nous saurons aussitôt à qui nous sommes redevables de cette construction verbale.
Giorgio Manganelli (1922-1990) est un écrivain italien polygraphe particulièrement original et fécond. Tout à la fois influencé par une mémoire littéraire démesurée, les non-sensical anglais et le roman gothique, il a créé un registre fortement personnel fondé sur une vaste synthèse des styles de la tradition occidentale enrichis de ses propres découvertes. Son langage captivant amalgame en outre des formes disparates. Chacun de ses livres se coule dans une forme insolite. Il est aussi à l'aise dans la fiction que dans les genres de la critique littéraire ou la critique d'art. Il est notamment l'auteur de Bruits ou voix, La littérature comme mensonge et Angoisses de style.