Collection(s) : La Découverte poche
Paru le 25/04/2013 | Broché 309 pages
Public motivé
préface Gilles Perrault | traduit de l'allemand par Alain Brossat et Klaus Schuffels
Pour gagner sa vie, il est prêt à faire tous les boulots, «même les plus durs, même les plus insalubres». Il sera successivement journalier dans une ferme, homme à tout faire chez McDonald's, manoeuvre dans le bâtiment, OS dans les aciéries de Thyssen, cobaye dans l'industrie pharmaceutique, chauffeur d'un marchand d'esclaves, membre d'un «commando suicide» chargé d'aller colmater une fuite dans une centrale nucléaire... Il s'appelle Ali Sinirlioglu, il est turc, travailleur immigré en République fédérale d'Allemagne. Ou, du moins, c'est ce qu'indiquent ses papiers d'identité...
Car sous les dehors «typiques» du travailleur immigré (teint mat, chevelure et moustache noires, vêtements misérables) se dissimule un génial metteur en scène : le journaliste Günter Wallraff, rendu célèbre en Allemagne par ses nombreux reportages «indésirables» en immersion. Pendant deux ans, Wallraff a vécu comme un Turc, trimé comme un Turc, subi les brimades et les discriminations qui constituent le lot de nombre d'immigrés dans cette démocratie de bon renom qu'est la RFA. «Tout en bas» (Ganz unten), comme l'indique le titre original de ce reportage. Vendu à plusieurs millions d'exemplaires en Allemagne, à plus de 500 000 en France depuis sa traduction à La Découverte en 1986, ce livre exceptionnel n'a rien perdu de son actualité et la violence des relations sociales qu'il met en scène n'a pas fondamentalement évolué en un quart de siècle.
Günter Wallraff est journaliste, auteur d'enquêtes infiltrées, selon une méthode d'anonymat et d'incognito qu'il a patiemment mise en oeuvre dès les années 1970 pour dénoncer nombre d'injustices sociales. Son livre Le Journaliste indésirable a été publié en France chez François Maspero en 1978. Après le succès de Tête de Turc en 1986, La Découverte a également publié deux autres titres de Wallraff, La Vérité comme une arme (1989) et Parmi les perdants du meilleur des mondes (2010, éd. poche 2012).