Collection(s) : Comprendre le Moyen-Orient
Paru le 22/07/2015 | Broché 365 pages
Public motivé
préface de Georges Lefeuvre
Afghanistan
Anthropologie de l'égalité sur une zone de fracture du système-monde
Le territoire afghan occupe une zone inexploitée aux confins d'empires mondiaux qui s'y affrontent dans la compétition pour les ressources. Le tribalisme aussi bien que la modernité - en tant qu'idéologie, y mettent en oeuvre un mode social d'opposition. Sa prévalence dans la société afghane répond aux revendications d'égalité par l'honneur des groupes et l'équilibre des échanges. Le badal est une sorte de parité dans chaque transaction, qu'elle soit violente ou non. Par contrecoup le traditionalisme est prégnant dans les communautés. Le stress sécuritaire conduit à l'uniformisation dans l'égale insignifiance de l'individu. Chacun a un rôle prédéfini par la tradition en toute équité, s'en écarter est socialement réprouvé comme mettant en danger le groupe auquel on appartient.
Cependant, l'hospitalité et la recherche de réparation sont des normes sociales visant au dépassement du sentiment d'insécurité par l'honneur d'être humain. C'est une dynamique qui transcende les cloisonnements. C'est la réponse afghane à la recherche d'égale dignité au bénéfice de tous. C'est le composant fondamental d'une société ouverte, évolutive et capable de faire face aux risques du changement.
L'emphase sécuritaire et dogmatique des programmes internationaux tend néanmoins à conforter les réflexes tribalo-traditionalistes. Cet engrenage de contrainte et de violence s'épuise dans l'équilibre des groupes. L'aide internationale aurait avantage à soutenir les initiatives créatives de solidarité universelle qui libéreraient les individus de leur allégeance aux groupes.
Pour rassembler la matière d'une théorie de l'égalité en zone de crise, Gaït Gauhar Archambeaud a consacré l'essentiel de son activité des dernières années à différents programmes d'éducation, de santé ou de justice financés par l'aide internationale en Afghanistan.
