Collection(s) : Poésie
Paru le 13/06/2013 | Broché 137 pages
La terre a tremblé à l'Aquila et aux alentours, le 6 avril 2009. Et en tremblant, elle a ravagé mon origine. Je suis orphelin d'origine. Les mots s'écroulent-ils quand l'origine s'écroule ? Est-ce que ce qu'ils disent désormais sent la poussière, le plâtre, les gravats ? Le tremblement a détruit le paysage intérieur. Celui que sans cesse je mettais et cachais dans mes poèmes. Il était fait de poumon baleinier et de mémoire à réinventer. La pelle y était une peau, la bougie un mensonge. Le Sud, le cheval de Troie caché dans le Nord. Ma mémoire est désormais le fantôme de l'oubli. Fantôme comme le sont les villages des Abruzzes dont j'ai parcouru les ruelles. Elle a tremblé la mémoire, et j'ignore encore à quoi ressemblera l'écriture d'après le tremblement. Un cycle en tout cas se clôt. Je m'approche, je le sens, de l'écriture fantôme.
Jean Portante, auteur luxembourgeois d'origine italienne, est né à Differdange en 1950. Traducteur de poètes comme Juan Gelman, Jerome Rothenberg ou Durs Grünbein, il est notamment l'auteur du roman La Mémoire de la baleine, préfacé par Ismaïl Kadaré, et de l'essai Allen Ginsberg, l'autre Amérique (Le Castor Astral). Son importante production poétique, largement traduite, lui a notamment valu le prix Mallarmé, le Grand Prix d'automne de la Société des Gens de Lettres et le prix Benjamin-Fondane. Au Luxembourg, l'ensemble de son oeuvre a été couronnée par le prix national Batty Weber.