Paru le 06/12/2011 | Broché 166 pages
Tout public
témoignage d'Alphonse Nzindou | préface Denys Cuche
Kongos de la Guadeloupe
Rites d'une identité préservée
Ce livre met en lumière une exception surprenante parmi les « travailleurs sous contrat », embarqués d'Afrique et demeurés dans l'île. Une composante généralement peu discernable : au fil des générations, un même processus de déculturation-créolisation a rapproché les descendants des « contractuels » des descendants des anciens esclaves. Les fondateurs de la grande famille Massembo, établie dans un recoin escarpé de Basse Terre, sont arrivés en ces lieux vers 1860. La plupart de leurs descendants y habitent encore, et c'est là qu'ils célèbrent chaque année, au soir du 1er novembre, un rituel extraordinaire, le « grapp a kongo ».
On trouvera dans ces pages une reconstitution saisissante, quasi cinématographique, de cette cérémonie à grand spectacle. Mais on y trouvera aussi de quoi nourrir la réflexion. En portant une attention empathique aux gestes et aux paroles, en analysant des histoires de vie, en transitant des nostalgies aux espérances, l'auteur donne à comprendre ce qui a poussé les Massembo à perpétuer, contre vents et marées, un tel culte des morts. Car il s'agit bien là d'une célébration, étrangement décalée, des grands ancêtres congolais.
Situé au confluent de l'Histoire, de l'Ethnologie, de la Sociologie et de la Linguistique, cet ouvrage propose une approche compréhensive d'un « lieu de mémoire » crucial pour qui s'intéresse au monde caraïbe. On y rencontrera aussi des aperçus inattendus sur le rôle des femmes dans le maintien de l'identité culturelle et dans la résistance à la folklorisation.
Elève de Georges Balandier, Justin-Daniel Gandoulou est docteur en Anthropologie sociale et culturelle. Maître de conférences à l'Université de Rennes 2 et membre du laboratoire ESO Rennes, il a publié, notamment chez L'Harmattan, plusieurs ouvrages sur les fameux sapeurs congolais, dont il reste le découvreur.