Collection(s) : Sémantiques
Paru le 01/11/2003 | Broché 213 pages
Public motivé
préface Jean-Marie Zemb
Cet ouvrage fait suite aux explorations de l'auteur dans le vaste champ de l'Autrement. Ont été mises en chantier les notions complémentaires de l'Autrement-dit (L'Harmattan, collection «Sémantiques», 1995) et de l'Autrement-pensé. C'est au constat du décalage ontologique entre forme et fond dans le domaine du dire que succède donc l'étude d'un écart entre fond et forme caractéristique du penser. Le chassé-croisé de ces éléments n'est pas sans rappeler un changement radical de perspective qui s'opère au moment où l'on quitte la position de l'auditeur pour prendre celle du locuteur. «Voir et entendre» les choses du côté du sujet parlant constitue en effet une inversion par rapport à «entendre et voir» du côté de l'interlocuteur. Faire face à l'autrement-dire, cherchant surtout à entendre la forme, c'est reconnaître la priorité de la Langue. Amorcer, par contre, son autrement-penser, tâchant d'abord de voir les choses, c'est faire une inversion en faveur de l'Homme. A quoi s'ajoutent le jeu des langues et le jeu des usagers : ce qui est pensé en français est dit en russe, et ce qui est dit dans la langue de Molière est pensé dans la langue de Pouchkine. Autant d'inversions qui en dehors de l'autrement-dit donnent déjà matière à l'autrement-pensé. L'idée de renversements consécutifs fait mentir l'image qui est celle de la juxtaposition du tronc d'un arbre et des arborescences venant du fond de la forêt. Comment déjouer au mieux cette illusion optique situant sur le même plan le dit et le pensé qui, lui, reste en retrait ? Par entrevoir de l'espace entre les végétaux sur l'image choisie pour la couverture. N'est-ce pas là rien qu'une métaphore ? Mais c'est pour la développer d'une certaine manière qu'entre la première et la quatrième de couverture il y aura un livre...
Auteur de deux thèses, de deux livres et d'une quarantaine d'articles, Boris Lobatchev semble partout échapper aux contraintes de l'unidimensionnel, étant à la fois traducteur et linguiste, contrastiviste et cognitiviste, épistémologue des langues et philosophe du langage.