Collection(s) : Sémantiques
Paru le 22/04/2011 | Broché 201 pages
Public motivé
S'ajoutant au Dit (1995), au Pensé (2002) et à l'Être (2006), le Vu actuel porte à quatre le nombre de volumes touchant la notion de plus en plus élaborée d'Autrement. Transformerait-il dès lors notre trilogie en tétralogie ? Ou, - parce que l'on remonte à la base de tout ce qui se formulera en aval, à cette dimension fondamentale de la langue qui réside en notre capacité / incapacité de voir, - le Vu ouvrirait-il une nouvelle série d'ouvrages en passe de gestation latente ? L'avenir le dira. D'ici là, jugez vous-mêmes de la similitude dans la différence et de la différence dans la similitude. En ce qui concerne l'ordinairement-vu, il se conçoit comme venant de l'extérieur et orientant ce regard docile qui ne fait que suivre. Ce que l'on peut en retenir pour l'autrement-vu, c'est la même passivité du regard. Ce qu'on doit y introduire de nouveau, c'est le fait que la pression s'y exerce maintenant non de l'extérieur mais de l'intérieur. Ne provient-elle pas d'une langue que l'on parle ? C'est celle-là qui fait tourner la tête à l'homme, c'est elle qui le guide et dirige ainsi son regard... Au fond, il ne s'agit même pas d'un regard mais des yeux. Ce sont eux que la langue nous fait littéralement porter ailleurs. Et je dirai même plus, elle nous fait tourner nos yeux dans tous les sens : vers l'avant - et c'est la perspective ego qui s'ouvre devant l'homme, vers l'arrière - et c'est une perspective inverse de l'alter qui entre en jeu, à gauche - et c'est le glissement anti-ego qui s'opère en moi, à droite - et c'est le dérapage antialter qui nous guette.
Boris Lobatchev s'y révèle comme inlassable explorateur de ce (...) qui peut être rendu en français par l'approximation du non évidemment visible. Il présente ici un type rare, sinon unique, de sémanticien. Et sa méthode suit. Hardie et sceptique, celle-ci se résume bien en cette alternance imagée d'un oui et d'un non : «Des lunettes ? Peut-être. Mais pas d'oeillères !»