Collection(s) : Tout l'art
Paru le 10/04/2010 | Broché 279 pages
Tout public
L'invention de la nature
À la fin du Moyen Âge, au début de la Renaissance, un système mental succède à un autre. Le monde cesse d'être pensé de façon théorique. Il est examiné et commence à être compris par l'observation.
Les peintres jouent un rôle fondamental dans cette mutation. À partir du XIVe siècle, Giotto, Ambrogio Lorenzetti, puis les Limbourg, Jan Van Eyck, enfin Dürer et Léonard de Vinci, se donnent pour objet d'imiter les choses qui les entourent. Ils n'évoquent plus l'Eau, l'Air, la Terre ou le Feu - éléments abstraits - mais ils distinguent la vague, le torrent, la goutte, le lac ; ils représentent les nuages, si divers, et les vents, rapides ou tranquilles ; ils montrent les boues, les rochers, la flamme dans la cheminée ou l'incendie qui ravage les maisons.
Les oeuvres que ces artistes peignent favorisent une prise de conscience : celle de la beauté du monde mais aussi de sa fragilité. Le sentiment de la nature naît peut-être à ce moment, de cette crise visuelle qui est une crise européenne. L'objet de ce livre est d'explorer les origines du genre du paysage ; il est aussi, et plus profondément, de chercher les racines de notre monde moderne, que hantent les questions d'environnement et la peur d'un changement où sombrerait la nature.
Nadeije Laneyrie-Dagen est professeur d'histoire de l'art à l'École normale supérieure. Au carrefour de l'anthropologie et de l'histoire des sciences, l'histoire de l'art qu'elle pratique se veut soucieuse de tisser un lien entre l'époque contemporaine et le passé. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages dont, notamment, L'invention du corps (Flammarion, 1997).