Collection(s) : Penser rêver
Paru le 14/10/2010 | Broché 148 pages
Public motivé
En 1971, le président Georges Pompidou gracie le collaborateur criminel Paul Touvier. Il dit à cette occasion : «Le moment n'est-il pas venu d'oublier ces temps où les Français ne s'aimaient pas ?» Le pays devrait effacer une période remarquable et complexe de son histoire, Occupation et Résistance incluses.
Jean-Michel Rey analyse les paradoxes de l'amnésie volontaire décrétée. Il en fait l'historique, de la révocation de l'édit de Nantes déclarant «nulles et non avenues» les lois en vigueur, ou de Louis XVIII revenant au pouvoir avec pour mot d'ordre «union et oubli», au ministre de la Guerre ordonnant à l'armée d'oublier ce qui vient de se passer - l'affaire Dreyfus -, et à la guerre d'Algérie. Le souverain des temps troublés croit chasser le trouble en décrétant l'oubli. Or, en voulant retrancher une part de l'histoire nationale pour restaurer l'unité perdue, il donne à voir le ressort stupéfiant de ce qu'il veut que l'on occulte. Avec les penseurs de l'oubli - que sont notamment Michelet et Péguy, Freud et Faulkner -, Jean-Michel Rey dérange la visée, individuelle et collective, de l'interdit du souvenir.
Jean-Michel Rey est professeur émérite des universités (Paris VIII, département de littérature française). Il est avec Wladimir Granoff l'auteur de La Transmission de pensée - Traduction et lecture de «Psychanalyse et Télépathie» de Freud (1983, réédité en 2005), et d'essais sur Nietzsche, Freud, Kafka, Péguy, Artaud, Valéry. Il a récemment fait paraître Paul ou les ambiguïtés aux Éditions de l'Olivier.