Collection(s) : Retour aux grands textes
Paru le 18/04/2013 | Broché 546 pages
présentation Raymond Trousson
D'un père flamand et d'une mère wallonne, Charles Théodore Henri De Coster est né le 27 août 1827 à Munich.
En 1858, il publie les Légendes flamandes, contes médiévaux où, dans un français émaillé d'archaïsmes, souple et savoureux, se succèdent beuveries, fantastique et dévotions. En 1861, ce sont les Contes brabançons, platement réalistes et sans rien de la puissance d'évocation des Légendes.
Mais l'oeuvre dont il espère succès et argent, c'est la Légende d'Ulenspiegel.
De Coster n'a pas créé le personnage d'Ulenspiegel ; à la fin du XVe siècle, en Allemagne, un anonyme avait réuni les farces dirigées contre les prêtres, les nobles, les bourgeois et les femmes. Les reprenant à son tour, les étoffant et les replaçant dans le contexte de la Flandre espagnole du XVIe siècle, Charles De Coster fait du joyeux luron le héros d'une épopée de la liberté et de la tolérance.
OEuvre tragique, baignée de sang, de douleurs et de larmes, la Légende d'Ulenspiegel n'en est pas moins une oeuvre joyeuse, semée de farces, de délectables ripailles et d'aventures fantastiques, dont la langue, jusqu'en ses maniérismes flamands et médiévaux, est intelligible et savoureuse.
Parue fin 1867 à Paris et à Bruxelles, la Légende ne connaîtra pas le succès. C'est un échec cuisant pour Charles De Coster, et l'on a du mal à comprendre - tant sa renommée est universelle aujourd'hui - les réticences scandalisées de ses contemporains en général et des critiques en particulier.
La belle préface de Raymond Trousson (de l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique) éclaire avec intelligence ce chef-d'oeuvre («l'Iliade et l'Odyssée d'une race»), et l'ancre dans son temps : la Flandre espagnole sous Charles Quint, Philippe II et le duc d'Albe, les luttes religieuses, la révolte des Gueux...